mercredi, novembre 30, 2005

Station-service, épisode 2

Georges entre dans la cafétéria de la station service. D'un coup d'oeil circulaire, il scanne la population présente. Hétéroclite : une donzelle sur-fringuée, un blacos à mocassins blancs, un couple franco-chinois en goguette et bermudas hors-saison, un jeunot engoncé dans un costard bon marché, quelques silhouettes dans le fond.

Il se dirige vers le distributeur de café le proche et sélectionne rapidement sa boisson.
Alors qu'il observe rêveusement l'animation à deux balles qui simule le remplissage de son gobelet, une voix bourrue s'interpelle sur sa gauche :" Vous savez c'est où le chocolat ?". Georges tourne la tête pour observer son interlocuteur. La trentaine, massif, cheveu ras, double menton, pull à carreaux. Georges se dit que le type a du être effrayé par la complexité du distributeur de boisson et il préfère demander à un expert. Une bouffée d'orgueuil l'envahit. Il se met en position "pédagogue", prêt à naviguer dans les menus abscons de la machine.
"Voyons voir......" qu'il dit en se penchant vers le clavier, en face du type.
Surprise. Le bouton en haut à droite est marqué en gros "Boisson chocolat".
"heu...ben, c'est là...." fait Georges, vérifiant au passage que l'autre n'est pas aveugle
Le type : "ah bon ?". Et il ne bouge pas.
Georges appuie sur le bouton, vérifiant du coin de l'oeil que le type n'est pas handicapé non plus. L'écran affiche "Boisson Chocolat noir ou Boisson Chocolat au lait".
Georges : "à vous de choisir" .
L'autre : "Choisir quoi ?"
Georges : " ben.....Noir ou Au lai......". Merde ! l'évidence lui saute à la gueule !
Ce mec ne sait pas lire.
Georges, dans un souffle : " Chocolat noir, alors ?"
L'autre, toujours impassible :" non, non, au lait"
Georges presse rapidement le bouton correspondant et se détourne, géné.

Sur la route, roulant en direction de Lyon, Georges se dit que décidement il se passe toujours des trucs tristes dans ces stations d'autoroute.

dimanche, octobre 23, 2005

Noël en Octobre

Au douzième kilomètre de son jogging dominical, ça lui a jailli dans le cerveau : " j'ai envie de bouffer des huîtres !". Georges adore les huîtres.
Après une douche éclair (il a fait fissa vu qu'il était 13h passées), Georges se précipite au marché et arrive devant l'étal du poissonnier.
- Il te reste des huîtres ? fait Georges
- Et ça c'est quoi, des merguez ? répond son pote le poissonnier en désignant la bourriche bien en évidence.
- Tu m'en mets de 2 douzaines ?
- No problemo....et lui en met deux et demi.
- Merci
- Tiens, j't'mets des bulots en rab
- Merci
Un petit tour chez son pote le caviste pour trouver le p'tit blanc sympa pour accompagner tout ça. Merde ! c'est fermé (ben ouais, à 13h30 c'est normal mon con...)! Bon, on fera avec ce qu'il y a, qu'il s'dit.

Et voilà comment Georges se retrouve ce dimanche soir (finalement pour le midi c'était trop court) devant des bulots mayonnaise, une plâtrée de fines de claire, un Tokai 1998 (il n'a plus de blanc sec en cave..) et.....une raclette ! Ben ouais il avait zappé qu'il y avait une raclette de prévue ce soir.
Y a plus diététique comme repas.
Mais comme le souligne justement l'ami qui l'accompagne dans cette aventure :
"C'est chouette! C'est Noël en Octobre !".
Et c'était très bon.

Pour la digestion, par contre, c'est plus laborieux....la preuve en est qu'à 3h40 du mat', Georges se retrouve à tapoter sur son PC (dans son plumard quand même... Merci le WiFi !) alors qu'il doit se lever à 6h.
Dur.

Bonne nuit à tou(te)s

jeudi, octobre 20, 2005

La Mouche, le Café et la Station-Service

Georges n'aime pas conduire.
Aussi cet arrêt matinal et autoroutier pour rassasier son véhicule en carburant hors de prix vient fort à propos. Une fois l'onéreuse opération réalisée, Georges se dirige vers la boutique de la station. En entrant, il se dirige d'un oeil circonspect vers la batterie de machines à café qui tapissent un pan de mur entier. Le temps de décoder les 28 choix possibles, Georges glisse son dernier euro dans la fente idoine et presse "Expresso en grains, sucré". Bizzz...Glouglou....Cling..... Il saisit le gobelet marronasse qui apparait. Hume. Goûte. Surprise ! Ce café est bon ! Il se laisse envahir par une douce félicité.
Car Georges aime le café.
C'est ce moment que choisit une mouche (Musca Domestica) pour venir se poser sur le rebord du gobelet. Georges, amusé, observe l'insecte intrépide. Qui lui rend son regard de ses yeux multi-facettes. Une complicité s'installe. Pas longtemps. Car la mouche, sans crier gare, se jette sciemment dans le breuvage caféiné.
Georges est consterné !
Assister à un suicide et perdre un bon café, c'en est trop pour un début de journée. Dépité, il retourne à son véhicule.
En enquillant l'autoroute, Georges est hanté par le regard multi-triste de la mouche.

vendredi, octobre 07, 2005

Chassez le naturel....

Régulièrement, quand la marée de post-it gribouillés et collés sur son bureau et sur son écran vire au tsunami jaunâtre, Georges prend des résolutions définitives : Il va utiliser les fonctions super-évoluées de son logiciel intégré de gestion personnelle.
Et vas-y que j't'liste les tâches en cours. Toutes. Trop. Et que j't'les classe par degré d'urgence. Et que j't'colle des rappels automatiques. Puis synchronisation avec l'agenda. Et avec le Pocket PC. Et avec le téléphone portable.
Résultat : le bureau, l'écran et Georges retrouvent leur sérénité.
Puis le premier rappel se déclenche : "bip" fait la fenêtre pop-up sur l'écran du pc, "bip-bip" répond la sacoche (ha oui, mon Palm), "tut-tut" conclut la veste sur le porte-manteau (zut,mon téléphone). Georges sourit de contentement. Il maîtrise enfin. "URGENT! Mettre à jour le dossier Trumuche" lit-il. Et diffère la tâche.
Une heure plus tard : "bip", "bip-bip", "tut-tut"..."Rédiger note sur affaire Bidule". Georges diffère la tâche.
Deux heures après : "bip", "bip-bip", "tut-tut"..."Contrôler la base de données Machin". Georges diffère la tâche.
Une heure après : "bip", "bip-bip", "tut-tut"..."URGENT! Mettre à jour le dossier Trumuche". Le sourire de Georges se crispe. Et il diffère la tâche.
Le lendemain, quand il ouvre son pc, 9 actions non-accomplies lui sautent à la gueule. Et lui plombent le moral d'entrée.
Toute la journée, Georges subit les rafales de bips irritants et de fenêtres jaillisantes, qui lui rappellent régulièrment son inefficacité.
Le jour suivant, à la vision de la liste maudite et grandissante, il pète les plombs et désactive la gestion des tâches.
Retour à la case "post-it".

Au moins, se dit Georges, ces chères notes adhésives ont la politesse de rester silencieuses et statiques. Et ont même parfois la suprême élégance de se perdre....


Bises à tou(te)s.

jeudi, octobre 06, 2005

Place Vendôme

La place Vendôme est quasi vide quand Georges la traverse pour rejoindre sa voiture garée dans une rue proche. Il se laisse éblouir par la magnificence (http://www.insecula.com/salle/panorama_MS01725.html) des facades de Jules Hardouin-Mansart (oui il a vérifié...), quand une portière puis des pas claquent prés de lui. Deux hommes courent pour rejoindre un attroupement qui s'est formé devant l'hôtel Ritz tout proche. Devant le palace (malheureusement partiellement défiguré par un chantier de ravalement) quelques flashs crépitent. Intrigué, Georges s'approche de l'entrée rutilante de l'hôtel, tout en restant à l'écart de la petite foule. Quelques secondes plus tard une longue silhouette féminine, vêtue de noir, s'extrait du groupe, rapidement suivie par d'autres silhouettes pressées. La femme blonde et superbe passe à grands pas devant Georges. Son regard sévère et hautain balaie rapidement son environnement immédiat, ravalant Georges au statut inconfortable d'élément insignifiant du décor. Puis elle s'engouffre dans l'hôtel par les portes tenues ouvertes par des grooms obséquieux.
Georges, encore fasciné par l'apparition, apostrophe un des photographes : "Heu.....Qui était ce ?".
L'autre semble dans un premier temps terrassé par la stupidité de la question, puis répond avec un haussement d'épaule "Ben, c'est Sharon Stone...".

En regagnant son véhicule, Georges est troublé. Puis la lumière :
" Mais oui, ses lentilles ! elle ne devait pas porter ses lentilles de contact....."
Rassuré, il monte dans son auto
"C'est pour cela qu'elle ne m'a pas reconnu".
Un coup de clef. Démarrage. Coup d'oeil dans le rétro. Déboitage direction rue de Rivoli.
" Sacrée Sharon....." murmure-t-il s'engageant sur la Concorde.

dimanche, octobre 02, 2005

Cherbourg 1 - Georges 0

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A l'usage des éventuels lecteurs provinciaux, et a fortiori manchots* : ce qui suit est de l'humour** !!

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Indécrottable parisien, Geoges est fasciné par la Province, tu sais cette contrée étrange qui s'étend au-delà de la Francilienne.
Donc aujourd'hui, il a l'occasion d'assouvir sa curiosité. Direction: Cherbourg, Cotentin ! Bon ok, comme exotisme y'a plus extrême. D'un autre côté, ce n'est pas pour les vacances, mais pour raisons professionnelles. Ben oui, il a un métier, Georges.
Après 3 longues heures et demi d'autoroute, le but enfin est atteint. De toute façon, tu ne peux pas aller plus loin....la ville suivante c'est Southampton, sauf qu'il y a la Manche entre les deux.....
Première suprise, la ville de Cherbourg existe ! Georges pensait qu'à l'instar d'autres villes de province, ce n'était qu'un nom pour faire joli sur la carte de France, voire un décor de film (Les Parapluies de....). Ben non, c'est bien là.
Impression mitigée de la ville : mélange improbable de maisons banales et d'immeubles impersonnels, entrée d'agglomération balisée d'enseignes franchisées, rues désertes. Georges est déçu. Il s'attendait à plus typique : les huttes en trochis, des charettes à bras, des bandes de marmots en haillons mais souriants, des jouvencelles accortes et dépoitraillées.....Après discussion avec des autochones, paraît qu'y'a des coins suu-per-sym-pâââ, avec des gens vivants, patin-coufin....Georges acquiesse prudemment, se méfiant des réactions d'orgueuil de ces peuplades reculées. Ayant trouvé un hotel doté de l'électricité, Georges profite enfin d'un repos bien mérité.
La journée suivante se résume à une salle de réunion dont la fenêtre laisse parfois apparaitre un vol de mouette ou le haut du mât d'un chalutier, signe évident que la mer n'est pas loin.
Il est déjà temps de repartir et Georges salue ses interlocuteurs en regrettant de ne pas pouvoir visiter leur belle ville, et que, juré, il repassera. C'est à ce moment que l'un des types lui rétroque, philosophe et fin géograhe :"Cherbourg, on n'y passe pas, on y va !".
Pleine lucarne, la réplique.



Bises à tou(te)s




*) ni handicapés, ni bestioles artiques mais les habitants du département de la Manche (50).
**) je me demande si cette précision n'est pas un chouïa sarcastique......

Enménagement

Georges : Bonjour !
Toi : ..........................*
Georges : J'm'appelle Georges............Chius vot'nouveau voisin.
Toi : ...........................**
Georges : Merci. C'est sympa le coin?
Toi : ........................
Georges : ok, je f'rai un tour pour explorer les environs.
Toi : ..............................
G : Avant ? j'étais dans un aut'quartier. Mais j'ai voulu changer d'horizon.
Toi : ..............................
G. : ouais, c'est un peu vide pour l'instant mais ça va se meubler, t'inquiète.
Toi : .............................
G. : non plutôt classique la déco. Pas trop sombre en tout cas.
Toi : ............................
G. : Bye. Et à bientôt j'espère.





*) remplir les pointillés.
**) alors tu les remplis ces pointillés !